Du côté des imprimeurs, on s’organise pour tenter de contourner les obstacles liés à la hausse des prix du papier. Éclaircissements avec Léonce-Antoine Deprez, Président directeur général de l’imprimerie Léonce Deprez.
En quoi cette hausse chamboule votre organisation ?
Les prix du papier ont doublé en un an. Nous sommes contraints d’acheter aujourd’hui à des prix que nous ne connaissons pas à l’avance. Nous n’avons aucune possibilité d’anticiper les devis pour nos clients et c’est problématique, notamment pour les périodiques.
Comment s’adapter ?
Nous achetons un peu de stock d’avance pour anticiper de futures hausses mais c’est au final du papier « qui dort » dans notre entrepôt. Notre particularité étant de fournir du papier à 80 % de nos clients, nous nous adaptons en réduisant le nombre de références. Lorsqu’un client décide de baisser le grammage du papier, il faut réagir. C’est un jeu de chaises musicales
permanent !
Pensez-vous que les papetiers profitent de la situation ?
Aujourd’hui, il n’y a plus de pénurie de papier, mais les prix continuent d’exploser alors que la demande baisse. C’est compliqué pour la majorité des papetiers qui subissent de plein fouet, comme nous, la flambée des prix de l’énergie. Nous essayons de nous fournir différemment, avec du papier recyclé. Mais les papetiers restent en position de force. Je ne sais pas s’ils profitent de la situation, mais pour certains, leurs résultats n’ont jamais été aussi bons !
Léonce-Antoine Deprez, Président directeur général de l’imprimerie Léonce Deprez
Qu’observez-vous chez vos clients ?
Une baisse des tirages, des paginations et de la qualité du papier pour de nombreux supports, surtout pour la presse et moins pour les publications territoriales. L’État devrait songer à subventionner ces hausses des coûts, et notamment les éditeurs indépendants pour sauver la diffusion et la liberté de la presse écrite, sinon nous courrons vers une diminution drastique des produits
imprimés.
